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Accident de cœur et navigation… comment allier les deux

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Carnet de bord #2

Sommaire :

  • L’Accident de mon cœur
  • J’ai encore tant de chose à faire
  • Je veux traverser l’Atlantique en solitaire

 

L’Accident de mon cœur

Je me présente. Je suis Yannick et j’ai vécu un infarctus. A cette occasion j’ai fait mon baptême d’hélico, vue sur les écrans de la salle de coronarographie mon cœur battre en direct et surtout touché et ressenti au plus profond de moi ma finitude.

Cette expérience brutale et inattendue à tout chamboulé en moi. Ce virement de bord sans préavis, sans « paré à virer » à mis sens dessus dessous toutes les pensées et croyances dans mon carré intérieur. Ce jour-là, à la veille du début de la guerre en Ukraine, j’ai lutté avec force et détermination pour me rendre à pied aux urgences de mon hôpital de proximité.

 

J’ai encore tant de chose à faire

« Je n’ai pas dit au revoir aux personnes qui comptent pour moi », « j’ai encore tant de chose à faire » étaient les phrases de ma voix intérieure qui tournées en boucle dans mon cerveau droit, alors que mon cerveau gauche passé un coup de fil à ma compagne, dans une « zone blanche de personnes » (zone non fréquentée et dans laquelle si je tombais personne ne viendrai à mon secours à temps) tandis que mon « cerveau reptilien » gardait le cap des urgences sachant que « Là-bas, nul doute, ils seront me sauver ! »
Toutes ces petites phrases qui semblent anodines, mais qui en pareilles circonstances m’ont aidé à supporter ma douleur thoracique et celle de mon bras gauche dont j’avais le ressenti que l’on tenté de me l’arracher. Petites phrases en boucles bien lovées, et qui me portaient sur mes jambes chancelantes devant cette déferlante intérieure, en espérant qu’elles tiennent jusqu’aux portes des urgences, où à bout de souffle et d’énergie vitale, j’ai appuyé sur le bouton rouge de l’interphone en disant « je suis en train de mourir » avec de m’effondrer devant les portes coulissantes.

Chapeau bas à toutes ces personnes qui m’ont pris en charge avec calme, détermination et humanité. Ils m’ont sauvé la vie !

Le retour chez moi fût rapide car je n’avais pas commis l’erreur de vouloir jouer les gros bras avec mon cœur, et ma réaction immédiate m’a été d’une grande aide. S’il y a bien une chose à faire dans pareil cas, c’est de ne pas se dire que cela va passer, ce n’est rien… il faut agir immédiatement !

C’est une question de survie, chaque minute compte. Reste que j’aurais dû ne pas marcher, et me mettre au repos en attendant les secours. Mais j’étais guider par mes petites voix, « Yannick va aux urgences maintenant, c’est là qu’ils vont te sauver ».
Pour finir, pas de séquelles graves, mais un traitement à vie. Fait chier… mais je suis vivant ! dorénavant, je vais avoir un pilulier pour gérer au quotidien mes pilules de jouvence.

Je pensais en rester là, mais très rapidement, je me suis rendu compte que le Choc psychologique fut violent. Durant les 6 mois suivants, l’évocation de l’événement me mettait en grande situation de vulnérabilité psychologique. A l’évocation de cet évènement, mes yeux passaient spontanément en mode marée haute – fort coefficient avec vague de submersion. « C’est normal » me disant les soignants que je voyais régulièrement. Car à la moindre variation et ressenti bizarre, je m’empresser de tirer le signal d’alarme. Mais il n’en était rien. J’allais devoir apprendre à faire avec mes coronaires en partie fatiguées.

J’ai insisté durant les 5 mois suivants pour avoir la meilleure prise en charge possible pour les affections de longue durée (ALD), afin de faire un séjour dans un SSR (Services de Soins et de Réadaptation, spécialité Cardiaque).

Après un parcours administratif poussif et via la cardiologie du service Test d’effort à l’Hôpital à Lyon Croix Rousse, ainsi que mon médecin traitant et « Via Trajectoire », le logiciel de demande de SSR, j’ai obtenu un séjour de 3 semaines en hospitalisation complète à Dieulefit-Santé – Drôme. J’allais enfin me refaire la cerise et surtout comprendre ce qui s’était passé et comment j’allais pourvoir vivre avec cette pathologie. Je recommande vivement ! Je suis sortie de chez eux en ayant compris comment un infarctus arrive, mais surtout comment éviter que cela se reproduise (dans la mesure du possible).

 

Je veux traverser l’Atlantique en solitaire

Cette prise en charge post-infarctus a été une pierre importante de mon nouvel édifice de vie, je dirais de ma « second life ».

Au début de mon séjour, qui est axé sur une prise en charge multidisciplinaire – cardiologue, kiné, psycho – diététique…, l’on a un entretien avec un cardiologue référant, qui vous suit tout du long de votre parcours de soins, sachant que vous êtes mis en posture « d’acteur de votre santé », et cela fait toute la différence au final.

Ce fut le Doct. Laura B. cardiologue de son état, à l’écoute et toujours là pour répondre à toutes vos questions. Une chouette femme. Aujourd’hui elle compte parmi les personnes qui me donnent la capacité à voir plus loin, plus grand. Merci Laura !

En effet, lors de ce premier entretien avec elle, je lui ai évoqué mon souhait de traverser l’Atlantique en solitaire dans environ 5 ans, alors que je ne sais pas naviguer en mer. Totalement farfelue. Mais c’est un rêve que j’ai depuis plus de 10 ans (voir l’article « La tête en mer, les pieds sur terre »)

Et bien voici ce qu’elle m’a répondu : « Yannick, c’est tout à fait possible, mais au regard de votre pathologie, il faudra prendre des précautions. Je pourrai vous transmettre les coordonnées d’un collègue cardiologue du sport à Grenoble, qui pourra vous accompagner dans votre préparation physique ».

Waouh ! J’ai accueilli sa réponse avec une joie intérieure grande comme le Pacifique. Je suis vivant et en plus on vient de me dire que je peux vivre mon rêve… sous conditions certes… mais c’est possible !

Ce premier entretien m’a permis de passer les 3 semaines dans un état d’esprit ultra positif, et les résultats de mes examens concernant ma capacité cardiaque m’ont conforté dans le fait que je pouvais commencer à prendre la mer ! Mes collègues de fortunes quant à eux avaient subi bien plus de traumatismes : ouverture de la cage thoracique, pontages, maladies cardiaques merdiques voire incurables (à des âges où la vie est normalement encore très longue) … sans parler de pathologies pulmonaires, voire traumatiques à la suite d’accidents. Ouf ! Je m’en suis bien tiré sur ce coup-là.

Pour la petite anecdote : sur mon rapport médical de sortie, Laura a écrit : « au vu du projet personnel, tour du monde à la voile, une prise en charge en cardiologie sportive… ». Un tour du monde ! moi qui envisage modestement seulement une traversée de l’Atlantique, ça laisse rêveur.

C’était fin août, et le jour de la rentrée de septembre, au lieu d’être habituellement devant mon écran d’ordinateur à traiter mes mails et autres futilités, j’ai fait ma rentrée sur un bateau !

Mon cœur était ravi ! Je passais du rêve à un début de réalité.

Si vous aussi vous avez vécu une expérience où vous avez touché votre finitude, et que vous vous posez la ou les questions sur le thème « ai-je le pouvoir de vivre une nouvelle aventure de vie sur les mers et les océans après avoir touché ma finitude ? », et bien ce blog est fait pour vous. Car personnellement, je vais me l’autoriser à vivre cette aventure, malgré mes doutes, mes peurs et tous les autres sentiments et émotions qui me parcourent. Je ne sais pas encore quand, comment, où… mais ce que je sais, c’est que cela me donne une grande joie de la vivre et de le partager avec vous.

Au plaisir de partager nos expériences et Apprenons ensemble à naviguer de bon cœur !

A très bientôt.
Yannick

Vous souhaitez nous partager votre expérience, que nous naviguions ensemble, … écrire un magnifique commentaire pour toutes celles et ceux qui rêvent de la mer ? Rien de plus simple : Exprimez-vous en commentaire (il faut être inscrit à la newsletter et votre commentaire sera approuvé) ou envoyez-moi un mail à yannick@coeurs-marins.com

*D’où le slogan «Apprenons ensemble à naviguer de bon cœur». Slogan que je souhaite affiner avec le temps. J’ai pensé à :

  • Naviguons entre cœurs
  • Naviguons en cœur
  • Naviguons ensemble de bon cœur

 

 

 

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