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Prendre la mer, mais pas n’importe comment

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Carnet de bord #3

 

Sommaire :

  • Raisons et déraisons
  • Comment la 1ère fois la mer m’a pris ?
  • Rêve de transatlantique
  • Et quoi d’autre ?

 

Raisons et déraisons

Chacun va en mer pour des raisons qui lui sont propres. Personnellement, je ne connais pas toutes les raisons qui poussent l’humain à l’arpenter.

Beaucoup y vont pour travailler, d’autres pour guerroyer, quelques poignées pour se mesurer pacifiquement entre eux, la grande foule pour s’y gaver sur les îles flottantes (navires de croisières), ou encore pour découvrir en allant à la rencontre de territoires de vie inconnus et de soi-même, comme dans un voyage initiatique… il y a tant de raisons. La pire, je pense, est de prendre la mer pour fuir, pour ne pas mourir sous les balles ou les dictatures, ou pour ne pas subir la misère.

Et vous, quelle est la raison qui vous pousse vers la mer ?

 

Comment la 1ère fois la mer m’a pris ?

Dernièrement, le souvenir m’est revenu. Je ne m’y attendais pas. Il m’a cueilli d’émotions. Mon enfant intérieur était en joie.

Il fait beau. Je suis dans une colonie UFOVAL des années 71 ou 72, avec la baie des Sables-d’Olonne pour terrain de jeu aquatique. Je suis accroupi sur le sol en contreplaqué verni d’un Optimist, les genoux irrités par le sable embarqué par mégarde sur les semelles de mes Méduses. La petite voile aurique blanche avec son numéro rouge me fait avancer par un petit vent de travers avec une petite houle dont je découvre les effets. La dérive en bois est bien logée dans son puits. Sa ganse plastifiée signe sa fonction amovible. Le modeste safran me guide au gré de mes mouvements de bras frêles et encore peu avertis. Au loin, le moniteur dans son bateau en plastique orange passe d’un bateau à l’autre dans le bruit de son moteur pour nous donner des consignes avec un chapelet de signes pas toujours compréhensibles pour ma petite tête d’enfant timide mais valeureux. Mon petit corps d’enfant de 6 ou 7 ans est coincé dans un gilet de sauvetage rigide, et sa couleur orange m’enchante, mais son confort moins. Heureusement, le sifflet de détresse donne le signal pour faire des bêtises avec mes copains de navigation. La mer m’a pris pour la première fois… je suis heureux !

Les années suivantes se sont passées avec d’autres colonies à Ronce-les-Bains, au Brusc, à Saint-Jorioz – petite commune lovée sur les berges du lac d’Annecy – pour un camp de voile et de marche avec les éclaireurs et éclaireuses de France, puis la base nautique du CE de l’entreprise de mon parent sur le lac de Laffrey, non loin des rives qui ont vu la rencontre des troupes de l’armée royaliste avec Napoléon de retour de l’île d’Elbe. Bizarre, la mer n’est pas si loin, même quand on est sur un lac en moyenne montagne.

Fini l’Optimist des débuts, je découvris durant ces années les 4.20, 4.70, la Caravelle, le X4, le Windy, les catas Hobie Cat… et d’autres dont j’ai oublié le nom, bref, tout ce qu’ils avaient en stock sur le plan d’eau y est passé.

Puis mon adolescence m’a attiré vers la belle Jenna de Rosnay et le roi Robby Naish. J’ai découvert la fameuse Mistral pour naviguer sur la tranche, puis vint le temps de ma première voiture et de mes premiers salaires. Ma Deudeuche 6CV décapotée et ma KEN WINNER REPLICA alias la BIC 750 solidement ancrée sur les barres, nous partions arpenter les rives de Laffrey et de Monteynard qui nous garantissaient toujours de bonnes thermiques, et également celles de Méditerranée aux Lecques et dans l’étang de Frontignan. Mais là, je n’ai pas trop brillé, avec un bon vol plané sèchement arrêté par mon harnais solidement accroché au wishbone. De quoi freiner mes ardeurs. Puis le temps est passé, la Ken a fini dans le grenier d’une ferme des parents d’un ami… on m’a rapporté une fois qu’une personne a vu une vache surfer dessus sur les pentes du Grand Serre !

 

Rêve de transatlantique

Et puis, au tout début du siècle en cours, la mer est venue à nouveau me rechercher à un endroit où rien n’y paraissait. J’étais dans le désert, le grand erg tunisien au sud-est de Matmata avec ces fameuses maisons troglodytes vues dans Star Wars.

Ses formes féminines et son horizon infini, et surtout sa puissance, évoquaient le grand large. Le vent et le sable, mais surtout la chaleur, ont failli m’engloutir dès le premier matin de notre méharée. J’ai dû faire le vide. J’ai dû vraiment faire un grand vide intérieur (vive la sophrologie) pour l’accueillir en moi, pour pouvoir le respirer, le manger et le boire (le sable est partout), pour l’accueillir pleinement, avec plaisir et gourmandise, ses assauts dans une mini-tempête, mais aussi pour pouvoir l’arpenter en marche avant, mais également en marche arrière.

C’est une expérience unique de pouvoir marcher en marche arrière durant des heures sans devoir se méfier d’un quelconque obstacle. C’est sans doute le seul endroit où cela est rendu possible. Pas convaincu ? Ok c’est parti : lève-toi et marche en arrière sans te retourner. Alors ? Habituellement on rentre dans les paysages, mais là, en sortir progressivement était un ravissement. Ce n’est nullement comparable à ce que l’on peut vivre à bord d’un train à la place inversée. Bref, je ne vais pas en faire un fromage, mais si vous avez l’opportunité d’aller dans le désert, faites l’expérience. Merci mon cher ami Gilles pour ce voyage en ta compagnie, entre dunes et fous rires. Ta joie créatrice est gravée en moi.

C’est donc là, dans ce désert, que mon rêve de Transatlantique a vu le jour. C’était évident pour moi. Le désert, appelé la mer en moi.

Je voulais être seul, au milieu de l’océan, sur un bateau avec une barre à roue, surfant sur les alizés. Seul et joyeux ! Mais surtout humble face à cet élément surpuissant. Banal me direz-vous ? Oui, banal, mais tellement inspirant pour moi.

 

Et quoi d’autre ?

Et à côté de ça, il y a tout le reste : l’horizon infini, la ronditude de la terre, les animaux qui y vivent, et tout ce que je ne connais pas encore des autres habitants des rives australes et d’ailleurs, et également de vivre en me re-découvrant moi-même, comme le mouvement perpétuel de la mer qui n’en finit jamais de couvrir et redécouvrir les côtes.

Si vouloir prendre la mer fait rêver beaucoup d’entre nous, il n’en reste pas moins qu’elle peut emporter quiconque s’aventure sur elle. Je me dois de la connaître et la respecter pour qu’elle m’offre joies et plénitude. Et si elle décide de gronder, je souhaite avoir les bases non pas pour l’affronter, mais pour faire corps avec elle. Sans les bases indispensables pour naviguer en sécurité, je me dois en parallèle de rester toujours humble, persévérant et ouvert aux changements.

Pour cela, j’ai décidé de veiller à ce que mon rêve ne se transforme pas en cauchemar. Prendre le temps, le temps de me former, le temps de me préparer physiquement et mentalement, seront mes boussoles pour pouvoir vivre cette nouvelle aventure de vie dans les meilleures conditions.

Mais il faudra à un moment quitter le port pour commencer le voyage, prendre le vent et partir au large, au grand large. Et là, il faudra être paré pour déraisonner, pour franchir le cap, pour sortir de mes zones de confort et de certitudes.

Et vous, c’est quoi vos conditions pour pouvoir prendre la mer ?

 

 

Au plaisir de partager nos expériences et Apprenons ensemble à naviguer de bon cœur !

A très bientôt.
Yannick

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